Anne-Marie Michelis

Anne-marie Michelis bis

Bonjour,
Pouvez-vous vous présenter pour vos lecteurs mais aussi pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?

Je m’appelle Anne Marie. Je dois ce prénom à ma grand-mère paternelle qui aurait tant voulu avoir une fille. Pour lui faire plaisir, mes parents m’ont nommée ainsi. Ma famille est parisienne mais du côté paternel, mes ancêtres habitaient Lille avec un pied en Belgique et une origine russe, tandis que du côté maternel, c’est la Picardie et la Sologne mélangées. J’ai fini mes études à Paris en décrochant une licence de Lettres Modernes à la Sorbonne et, malgré mon désir d’enseigner, j’ai suivi mon mari à Rouen en Normandie pour gérer un magasin de modèles réduits. Nous sommes ensuite partis à Yvetot où je l’ai accompagné dans un commerce de vente de poissons sur les marchés tout en élevant nos trois enfants. Les choses s’étant dégradées entre nous, j’ai trouvé un premier poste d’enseignement dans un centre d’apprentis horticole et j’ai passé des concours. Une fois le CAPES en poche, j’ai été mutée à Chartres comme professeur de Lettres. Après avoir rencontré celui qui allait être mon second mari, je l’ai suivi dans sa région d’origine, la Côte d’Azur, où j’ai exercé au lycée d’Antibes jusqu’à ma retraite. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à écrire pour moi et non plus pour mes élèves.

Avez-vous d’autres passions que l’écriture ?
J’ai été sollicitée pour animer des ateliers d’écriture, je lis énormément, j’enregistre aussi des livres pour la bibliothèque sonore de Cannes, je fais du théâtre avec une troupe d’amis et j’anime parfois des ateliers contes dans les classes de primaire où ma fille exerce. Toutes mes activités sont liées à la littérature.

Pourquoi écrivez-vous ? Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ?
C’était un challenge pour moi, d’arriver à écrire quelque chose d’abouti, de marcher sur les traces des auteurs que j’aime. Après avoir enseigné avec passion la littérature à mes élèves, je voulais transmettre à mon tour ma propre prose, si j’en étais capable. Quelques amis m’y ont encouragée en ayant la bonté d’apprécier mes écrits.
Au cours d’un de mes ateliers d’écriture où j’avais donné la consigne d’écrire un conte pour Noël, une des participantes a tenté l’aventure de l’édition et m’a poussé à faire de même. Je me suis donc lancée dans ce défi…. Et je ne le regrette pas tant c’était enrichissant : je sentais que j’allais ainsi à la rencontre de lecteurs qui, peut-être, auraient autant de plaisir à me lire que moi à écrire et qu’ainsi, nous créerions des liens.

Quelles sont vos conditions d’écriture ?
Je n’ai pas de moment défini pour écrire. Je ne peux me contraindre à écrire de façon régulière, tous les jours à la même heure. Je pense constamment à mes écrits et dès que j’ai une idée, je la note, sinon, elle disparaît ! J’écris quand je sens mon esprit disponible. Il me faut du calme et du silence, la musique me trouble. C’est donc variable selon mon inspiration. Quand elle ne vient pas, j’arrête et je reprends dès qu’elle est revenue.

Écrivez-vous sur papier ou sur ordinateur ?
Au début, j’écrivais sur un cahier que j’emmenais avec moi en vacances. Mais je me suis habituée à me servir de l’ordinateur car on gagne du temps pour corriger, insérer des passages, reprendre des idées. Je ne suis pas une pro du clavier et c’est bien difficile de se relire pour se corriger. C’est le moment le plus fastidieux de l’écriture mais je suis perfectionniste…

Où puisez-vous votre inspiration ?
Partout, dans la vie courante, une rencontre, une anecdote, servent de point de départ. Je suis aussi nourrie de mes lectures, de mes souvenirs. On met beaucoup de soi dans les histoires qu’on raconte même si nos personnages sont inventés. Un jour, je lisais dans mon atelier, une nouvelle où mon personnage racontait son histoire de la prison où elle était enfermée. Une auditrice me demanda alors si j’avais vraiment fait de la prison… C’était le plus beau compliment qu’elle pouvait me faire, elle avait vécu l’histoire avec mon personnage et cru ce que je racontais…

Connaissez-vous la fin avant de commencer à écrire ou improvisez-vous au fil de l’histoire ?
Non, pas toujours. Parfois, j’ai une idée précise et je sais où je veux emmener mes personnages, d’autres fois, je les laisse vivre et évoluer au fil des pages.

Pouvez-vous nous parler de votre recueil de nouvelles « Destins croisés » ?
La première nouvelle que j’ai écrite est La lettre oubliée. Je voulais participer à un concours de nouvelles et j’avais à la fois, cette année-là, visité l’hôtel Carlton à Cannes, si rempli de souvenirs et du passage de gens célèbres, et effectué un séjour au Viêt-Nam. Voir le Mékong, prendre le bac, visiter les lieux où Marguerite Duras, une des auteurs que j’admire le plus, m’ont inspiré cette histoire qui est une de mes préférées dans le recueil. Là aussi, un de mes amis m’a demandé si l’anecdote que j’avais racontée était vraie….
Ensuite, j’ai écrit les autres au fur et à mesure de l’inspiration : un tableau, une photo, un article de journal, un voyage, sont le point de départ de chaque histoire.
J’ai choisi ce titre, Destins croisés, parce que mes personnages se rencontrent et se croisent comme dans la vie où chacun va au-devant de son destin, au gré des rencontres qu’il fait et qui le précipitent dans une fin heureuse ou malheureuse, selon les cas. C’est la vie des gens qui se déroule devant nos yeux.

Vos nouvelles sont-elles tirées de faits réels, d’anecdotes personnelles ?
La seule nouvelle personnelle est l’histoire de la chienne Inja. Je l’ai tirée d’une anecdote qui a eu lieu pendant les vacances. La chienne avait six mois et nous avons eu bien peur quand elle a mordu mon petit-fils. Quand je l’ai fait lire à Tom, qui avait huit ou neuf ans à l’époque, il m’a regardé en me disant : « Mais c’est Inja qui parle ! ». Je lui avais ouvert des horizons….

Les personnages de vos nouvelles existent-ils ou sont-ils fictifs ?
A part dans la nouvelle Inja, tous les personnages sont fictifs, sauf Marguerite Duras, bien sûr, dans La Lettre oubliée. Là, c’est ma petite histoire qui rencontre l’Histoire. Dans Des arbres et des dieux, également, je me suis mise en scène car c’est ma propre histoire que je raconte, les rencontres avec les arbres sont véridiques et le lien avec la littérature que j’aime aussi.

Que diriez-vous à un lecteur pour l’inciter à lire votre recueil de nouvelles ?
Je lui dirais que ces destins qui se croisent nous renvoient à notre propre vie, à nos propres expériences ou à celles de personnes qui nous sont chères, avec qui nous nous sentons en empathie.
Ce sont aussi des histoires qui prennent place sous d’autres cieux mais qui nous rappellent la vie difficile que mènent certains, comme dans Cuba Libre ou Retour de mission. Une femme qui attend un enfant et souhaite le retour de l’être aimé, un jeune qui a besoin de se dépasser dans une épreuve physique et spirituelle pour donner un nouveau sens à sa vie…. Chacun trouvera peut-être dans une de ces histoires un chemin qui lui correspond.
Il y a toujours une part d’humanité dans mes récits que je souhaite avoir transmis du mieux possible.

Son recueil de nouvelles :

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