Stephan Ferry
Bonjour,
Pouvez-vous vous présenter pour vos lecteurs mais aussi pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?
Je m’appelle Stephan. J’ai commencé à écrire vers l’âge de 6 ou 7 ans, je crois. Des poèmes, puis des histoires de pirates et de l’horreur. J’ai toujours été très éclectique. Je me suis mis à écrire des nouvelles vers l’âge de 21 ans. Et je n’ai jamais arrêté. Les romans sont venus plus tard. J’exerce aujourd’hui le métier de journaliste, sur une bonne partie de la côte ouest.
Comment avez-vous connu votre illustratrice Maréva Stern ?
Nous nous sommes rencontrés à l’occasion d’une soirée chez un libraire à Cadillac, en Gironde. Je connaissais déjà un peu son travail et en discutant avec elle, j’ai vite compris qu’elle avait une sensibilité un peu sombre (elle sera peut-être surprise de lire ça), c’est-à-dire teintée d’une sorte de mélancolie qui correspondait à ce que je recherchais pour certains de mes écrits. À l’origine, c’était pour une nouvelle assez noire. L’idée de l’album est venue plus tard. Nous avons à nouveau collaboré cet été, sur un projet de roman illustré. Et j’espère que nous aurons d’autres occasions de travailler ensemble. Maréva est très talentueuse.
Avez-vous d’autres passions que l’écriture ?
Oui, beaucoup. L’ornithologie, la botanique, l’entomologie, la photographie, les champignons, l’astronomie, la préhistoire, l’Egypte ancienne… Et puis bien sûr la lecture. Je lis énormément. Des romans, des nouvelles, de l’anthropologie et de l’ethnologie également, deux disciplines pas si éloignées du journalisme.
Vous avez déjà écrit des livres pour adultes, comment vous est venue l’idée d’écrire pour les enfants ?
Je pense que j’avais surtout envie d’écrire des histoires que mes enfants pourraient lire. Mes livres pour adultes ne sont pas forcément à mettre entre toutes les mains.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans l’écriture ?
C’est un besoin, pas une envie. Après, comme tous les besoins, c’est très difficile à expliquer. Ça a sans doute quelque chose à voir avec Henri Limouzin, un auteur qui publiait des nouvelles dans la revue La Pêche et les poissons. Mon père était abonné. Je lisais ces histoires tout gamin et pour moi qui allait souvent à la pêche avec mon père à l’époque, c’était extraordinaire. Cette façon de raconter des histoires de pêcheurs, avec simplicité, humour et authenticité (même s’il s’agissait de fictions) je trouvais ça fascinant. Ça nourrissait mon imaginaire. J’ai passé une bonne partie de mon enfance en forêt ou au bord de plans d’eau. Je viens d’un tout petit village vosgien où je suis régulièrement retourné pendant toute mon adolescence pour explorer les bois, le cimetière abandonné ou le clocher de l’église, avec sa chouette effraie. Parfois nous allions chaparder des mirabelles avec le fils du maire, dans les vergers… À peu près à la même époque, j’étais membre d’une association ornithologique qui publiait une très jolie revue. Là encore, j’ai été amené à lire des histoires passionnantes sur les oiseaux, illustrées par les splendides dessins de Fabrice Cahez notamment. C’est très riche comme univers. J’ai retrouvé ce plaisir des récits proches de la nature plus récemment avec René Fallet et Maurice Genevoix.
Comment vous est venue l’idée du personnage du chat Barnabé ? Avez-vous un chat vous-même ?
J’ai eu un chat il y a très longtemps. Une chatte abandonnée que j’avais libérée in extremis quand un type de la fourrière était venu la capturer dans l’immeuble que nous habitions. J’ai ouvert la cage sous le regard médusé du gars de la fourrière et elle s’est réfugiée chez nous. Du coup, nous l’avons adoptée. L’idée de Barnabé, je ne sais pas trop d’où elle vient. Sans doute de plusieurs chats pas bien malins croisés chez des amis…
Quelles sont vos conditions d’écriture en général que ce soit pour un roman ou une histoire pour enfants ?
Tout cela est très variable. Je travaille en général dans un chaos total mais il y a une condition essentielle pour que cela fonctionne : il faut absolument que ce soit MON chaos. D’une façon générale, je travaille mieux le soir, mais là encore, il n’y a pas de règle invariable. En fonction de ce que je souhaite écrire, je vais rechercher le silence, parfois avec de la musique classique ou du klezmer en fond sonore, ou au contraire mettre du métal à fond dans mes écouteurs. Le temps que je consacre à l’écriture est incalculable. Je dirais que les récits sont toujours présents dans mon esprit. En attente. Mais ce qui est sûr, c’est que la finalisation de mes textes est ce qui me prend le plus de temps. Il m’arrive de reprendre certaines nouvelles 20 ou 30 fois avant de considérer que je ne pourrai plus les améliorer.
Où puisez-vous votre inspiration ?
Partout, tout le temps. Je laisse l’inspiration venir à moi. Là aussi c’est très chaotique, comme ma manière d’écrire. Je ne fais jamais de plan. Quand je commence un récit, je ne sais jamais vraiment où je vais. Ou plutôt si… Je sais où je veux aller, mais je ne sais pas encore comment. Ça relève parfois du défi. C’est très motivant.
Quelle partie de l’histoire « Barnabé le chat qui haïssait les souris » vous plaît le plus et pourquoi ?
Je crois que c’est l’enchaînement des idées stupides qui viennent à l’esprit de Barnabé quand il s’efforce de perdre une dent. Les dessins de Maréva sont en plus hyper drôles.
Que diriez-vous à un enfant pour l’inciter à lire votre histoire ?
Je dirais qu’il va passer un bon moment et qu’il va beaucoup rire. À la fin, mais pas seulement. Barnabé est un chat qui ne manque pas de ressource quand il s’agit d’échafauder des plans idiots… En plus, c’est un histoire qui nous dit aussi quelque chose sur les a priori que nous pouvons avoir quelquefois.
Son livre jeunesse :